Marcel Gotène : « Les bâtiments de l’Etat doivent être décorés, c’est ce qui montre la dimension artistique d’un pays »

 

Né en 1931 à Abala, dans le département des plateaux en République du Congo, Marcel Gotène a acquis dans le domaine de la peinture une expérience professionnelle qui a donné une notoriété à l’échelle internationale. A l’occasion d’une exposition qu’il vient de réaliser au Centre culturel Français de Brazzaville du 7 au 29 Septembre, il a livré ses sentiments à la rédaction des dépêches de Brazzaville.

Les expériences artistiques de vos tableaux témoignent d’un grand talent. Quelle est votre source d’inspiration ?

Marcel Gotène : Chez moi, tout est inspiration. Tout provient de Dieu. Il faut croire qu’il y’a quelques choses au-dessus de nous. Ce n’est que sous l’inspiration de Dieu que je réussis à faire mes tableaux.

Quels artistes peintres appréciez-vous particulièrement dans notre pays ?

M.G : Je peux citer Ndinga Elarryon, Trigo Piolla, Bandilla, François Tanga et le vieux Malonga. Ces deux derniers sont décédés.

Depuis combien de temps exercez-vous cette activité artistique ?

M.G : J’ai commencé ma carrière en 1951 à l’école de peinture de Poto-Poto et trois ans après, en 1954, je participais à une exposition au Cercle de la France d’outre-mer, à Paris. C’était ma première sortie internationale qui m’a ouvert les portes du monde. A partir de cette date, j’ai exposé à la foire internationale de Bruxelles en 1958, au musée d’art moderne de Paris en 1963, au festival des arts nègres à Dakar en 1965, au Palais d’Orsay en 1971, à la galerie d’Iran en 1972, au siège de l’Unesco en France en 1983, à l’institut italo-africano en 1989 et dans bien d’autres endroits que je ne saurais citer de façon exhaustive.

Vous avez réalisé de nombreux voyages, quels est votre meilleur souvenir ?

M.G : En Italie, j’ai été reçu comme un chef d’Etat. En France, j’ai eu l’occasion de visiter le Panthéon et je suis monté à L’Arc de triomphe pour lire l’histoire de la France. J’ai mis les pieds dans les endroits interdits au public. A Rome au Vatican, j’ai fait un discours avec Sédar Senghor. J’ai eu l’occasion de découvrir les signatures de Pythagore et de Leonard de Vinci. Ce sont des moments inoubliables.

Si on vous donnait le pouvoir de la prise de décision, que feriez-vous pour la peinture ?

M.G : j’indiquerais le chemin à l’image d’une boussole. Combien y’a – t-il d’œuvres gravées dans les bâtiments qui constituent le patrimoine national ? Que les gens ne s’inquiètent pas de l’argent. Un pays ne peut avancer si ses citoyens n’ont pas le sens du devoir national. Les bâtiments de l’Etat doivent être décorés. C’est ça, entre autre, qui permet aux étranger de découvrir la dimension artistique du pays.


L’association Congo culture veut proposer une loi sur la subvention des associations culturelles. Comment trouvez-vous cette initiative ?

M.G : c’est une bonne initiative qui mérite un soutien et beaucoup d’encouragement, mais il faut éviter que les individus ne détournent cette subvention à des fins personnelles. C’est pourquoi, je suggère que les subventions soient destinées directement aux intéressés.

Selon vous, quel est l’avenir de la peinture ?

M.G : je vous renvoie la question. Que deviendra le Congo dans les années futures ?

Cette exposition vous a-t-elle permis de vendre beaucoup de tableaux ?

M.G : le jour du vernissage, beaucoup sont venus pour participer à la cérémonie. Mais en dehors, je n’ai rien remarqué. Ceci n’est pas mon souci car je sais là où je vais. J’ai fait de grands travaux depuis de longues années. Je sais là où il faut mettre le pied. Je suis égal à moi-même.


Propos recueillis par Désiré Hermione Ngoma, Les Dépêches de Brazzaville

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